Idriss Aberkane
Idriss Aberkane fait beaucoup parler de lui depuis un moment maintenant ! Inventeur du terme neuroergonomie, il explique qu’il est possible de mieux utiliser son cerveau.
Dans ses ouvrages, il développe plusieurs idées novatrices :
- l’économie de la connaissance constitue une chaine de transmission entre les individus, nous sommes tous reliés.
- notre cerveau mémorise d’autant mieux que les objets mentaux sont présentés d’une certaine façon dite « ergonomique ».
- cette façon ergonomique de présenter les choses améliore la diffusion des connaissances humaines.
- l’hyperindividualité (ego) est nécessaire pour faire avancer un projet.
- les projets les plus forts sont ceux qui permettent de s’épanouir et de se rendre utile aux autres.
Idriss Aberkane est un adepte des neurosciences, discipline en pleine expansion qui s’intéresse aux habitudes et aux façons de penser. Nous savons maintenant que nous utilisons une infime partie des capacités du cerveau. L’idée de la neuroergonomie est alors de mieux exploiter le potentiel du cerveau en développant une meilleure connaissance de son fonctionnement.
La neuroergonomie, est en quelque sorte, l’art de bien utiliser son cerveau
Un cerveau bien utilisé, libéré, est plus efficace. L’intelligence n’est pas innée, elle se cultive et évolue en fonction de la façon dont on la nourrit, dont on exploite ses capacités mentales.
Comment mieux exploiter son cerveau?
L’intelligence est multidimentionnelle. Oublier le Quotient Intellectuel pour la mesurer est une première nécessité, de même que le système de notation scolaire. Nous nous limitons, nous nous imposons des schémas de pensée qui appauvrissent notre expérience et réduisent le développement de notre intelligence.
Expérimenter, apprendre, tester est la meilleure façon de développer son intelligence. L’échec, qui nous intéresse tant sur tournantpositif.fr, est le meilleur moyen d’apprendre et de grandir.
« L’échec est un diplôme” (Bill Gates)
Pour exceller dans un domaine, il est donc essentiel de :
– sortir du cadre, hors des sentiers battus, tester, expérimenter.
– développer ses passions.
Aimer ce que l’on fait est la source la plus importante de la connaissance.
Idriss Aberkane s’insurge contre la survalorisation du QI qui repose sur des principes viciés :
– l’égoïsme et l’indifférence aux autres.
– la maltraitance de la nature.
– le côté moutonnier (rester à sa place, suivre ce qu’on nous dit de faire).
– le manque d’autonomie.
– une acception de l’autorité et un refus de s’exprimer librement.
Le chemin de la réussite n’est pas celui-là, il est plus à rechercher dans son intuition.
Idriss Aberkane invente alors un autre terme : la « neurosagesse ». Il s’agit de relier neurosciences et sagesse, et d’inviter tout un chacun à s’écouter et vivre selon sa propre intuition.
Pour cela, trois valeurs accompagnent la liberté de pensée :
– l’autonomie, la seule voie vers la liberté ;
– la non-conformité à la société (sortir du régime de la peur) ;
– le travail collectif, garant de toute entreprise réussie.
Le système éducatif ne véhicule pas ces trois valeurs, au contraire, il fabrique des diplômés conformes aux attentes de la société moderne. Il devrait reposer sur l’émerveillement au lieu d’inculquer des connaissances en masse.
L’école doit repenser les connaissances en termes de flux et de dynamique.
Une nouvelle école ainsi repensée reposerait donc sur quatre piliers fondamentaux :
– l’attention (ce qui suppose la motivation et l’amour de ce que l’on fait) ;
– l’engagement actif ;
– le retour d’information, le partage des expériences avec le groupe ;
– la consolidation des connaissances.
L’essai-erreur serait encouragé, ainsi que la prise de risque et l’expérience avec le désir de développer de nouvelles connaissances, des facultés « extraordinaires ». Sans amour pour ce qu’il apprend, l’écolier ne peut pas développer une connaissance supérieure, une expertise.
Alors que l’école « traditionnelle » est en fait un modèle industriel dont le principe directeur est la conformité. Elle produit des individus « économiquement utile » mais pas nécessairement épanouis, car ce n’est pas sa priorité. L’école d’aujourd’hui n’arrive plus à capter l’intérêt des élèves qui préfèrent se tourner vers internet.
L’école est en échec car elle met nombre d’élèves en échec et en souffrance. Elle n’encourage pas à explorer le monde car elle reste coincée dans son système de notation et l’exploration du monde n’est pas sujet à notation. Elle n’encourage pas l’échange de savoirs, interdisant de parler et de copier sur ses voisins, la coopération est considérée comme une tricherie lourdement sanctionnée. Un problème doit se résoudre seul devant sa page blanche.
Le programme scolaire est orienté en fonction du Quoi? (qu’est-ce qu’on doit transmettre) plutôt que du Comment? (comment on transmet) et du Pourquoi? (pourquoi on transmet), ce qui limite l’élève dans ses apprentissages. Petit à petit, même l’élève le plus passionné, finit par développer une addiction à la note au lieu de s’émerveiller de ses apprentissages. On cultive sa frustration, son anxiété, son conditionnement, sa souffrance, voire son incarcération.
Le pire, c’est que les cerveaux les plus « gavés » se retrouveront aux postes de décision, au pouvoir, afin de maintenir le système sans aucune remise en question de fond.
‘enjeu est donc d’inverser la tendance : au lieu de forcer le cerveau à adopter la pensée scolaire, forcer l’école à s’adapter au cerveau. Idriss Aberkane appelle cela « l’éducation ergonomique » qui doit être une pédagogie multicanale.
Idriss Aberkane cite des pionniers en la matière :
– Ken Robinson, qui a dénoncé le caractère industriel de l’école traditionnelle ;
– Matthew Peterson, qui a enseigné les maths à ses élèves à l’aide des jeux vidéo ;
– Jane McGonigal, qui prône l’enseignement par le jeu ;
– Simon Sinek, expert en marketing, persuadé que l’on déplace les foules en parlant du “pourquoi”. (c’est en donnant le goût d’en savoir plus que l’on suscite l’adhésion).
– Gunter Pauli, fondateur de la “blue economy”, adaptation du monde industriel au rythme de la nature.
L’école doit donner envie d’apprendre. Au lieu de cela, elle stigmatise les élèves en manque d’attention et néglige la notion de plaisir. Elle préfère la conformité à la passion, alors même que les meilleurs professeurs sont les plus passionnés qui ont réussi à maintenir leur passion malgré le rouleau compresseur qu’est le système éducatif. Combien y parviennent?
La solution pour une école plus efficace est donc la fusion de l’enseignement massif et de l’enseignement ergonomique, ce que Idriss Aberkane appelle : l’ergonomie de masse.
Le cerveau ne fait pas la différence entre ce qu’il imagine ou ce qu’il vit
Le cerveau peut être encombré, mais cet encombrement est invisible. Or, s’il est encombré, il est moins efficace. La conscience n’est capable de saisir qu’une seule information à la fois.
Par ailleurs, les capacités du cerveau dépendent de ce qu’il croit de lui-même. Ainsi, si vous croyez que vous êtes incompétent dans un domaine, vous échouerez (principe d’une prophétie auto-réalisatrice aujourd’hui démontrée).
Le cerveau ne fait pas la différence entre une croyance et une expérience vécue. C’est la raison pour laquelle l’hypnose fonctionne si bien.
Observer son cerveau fonctionner est une façon de faire de la neuroergonomie. Quel est mon niveau de vigilance? Comment je réagis à une information extérieure (y a-t-il résonance ou dissonance cognitive?)?
Le cerveau obéit à un impératif évolutif : la survie. Pour répondre à cet impératif, deux types de messages sont clairement compréhensibles par l’intellect : le plaisir et la douleur. Mais il n’est pas pour autant comparable à une machine car il a aussi une autre capacité : la faculté de s’auto-réguler et de s’auto-organiser. Pour cela, il utilise des raccourcis et produit des pensées automatiques et a besoin de repos régulier.
Le cerveau est composé d’une myriade d’aires cérébrales qui importent et exportent des « services » — écriture, lecture, calculs mentaux, créativité, etc. L’ensemble de ces aires cérébrales constitue une gigantesque « économie de service » pour produire les pensées et les apprentissages.
Idriss Aberkane utilise l’image des courants d’eau, fleuves, rivières qui font circuler l’information dans le cerveau. Plus une rivière est utilisée, plus elle s’élargit, plus elle devient courante, et donc plus l’information l’utilise pour cheminer. L’apprentissage est un processus dynamique, les rivières cérébrales transportant les courant de pensée sans cesse dans la boite crânienne. Nous apprenons sans cesse et renforçons nos schémas de pensée en les empruntant. Ces schémas de pensée se transmettent entre les individus par la communication inter-personnelle.
Avec l’essor d’Internet, l’humanité est en train de former un gigantesque cerveau collectif.
Le souci, c’est que l’humanité produit plus de connaissance que ce qu’elle peut en transférer !
Il faut du temps et de l’attention pour ingurgiter et faire le tri dans toutes ces informations qui circulent. Dans l’économie de la connaissance, chaque être humain naît avec un certain « pouvoir d’achat », constitué d’attention et de temps disponible.
L’ergonomie maximale est atteinte quand apprentissage et plaisir sont associés. D’où le développement des jeux pour apprendre. L’amour de ce que l’on fait est également essentiel à l’apprentissage car il n’y a pas d’excellence, sans amour ni persévérance dans l’effort.
En résumé :
- La monnaie du savoir est l’attention multipliée par le temps.
- Afin de susciter le désir de consommer de la connaissance, il faut provoquer l’émerveillement.
Plaisir d’apprendre
Le vice le plus préjudiciable au développement humain est d’inculquer que le plaisir est anti-professionnel. L’épanouissement personnel devrait être placé avant l’utilité économique.
Plus la société est frustrante, plus elle engendre la violence.
L’une des blessures les plus courantes de l’être humain est la peur d’être rejeté par le groupe. Cette peur d‘être rejeté pour ses idées provoque des inhibitions et l’adoption des croyances du groupe.
‘école devrait permettre d’exprimer ses idées librement.
Le jeu, et notamment le jeu vidéo, est une source d’apprentissage qui devrait être valorisée. Il est déjà largement utilisé par les médecins, les pilotes, les astronautes…
Le jeu permet de rendre le réel plus excitant.
L’écriture est également un vecteur intéressant permettant « d’externaliser sa vie mentale » afin « d’enrichir la réalité ».
La posture cognitive
Une bonne posture cognitive consiste à développer un état d’esprit conforme à son propre bon sens et ainsi de s’épanouir. Or, nombre de personnes souffrent d’un trouble de cette posture, en s’interdisant certains schémas de pensée et certaines solutions, ce qui crée une dissonance cognitive.
Quand les pensées des autres, de la société prennent le contrôle, on perd le dessus sur ses processus cognitifs et on manque de conscience, de recul, d’idées, de rêves, de raison d’être. Il manque le Pourquoi je fais cela.
Idriss Aberkane est un précurseur, mais pas le seul, qui promeut la démocratisation du savoir en neurosciences. Pour nous aider à mieux comprendre et mettre en place de nouvelles façons d’apprendre, il nous propose notamment plusieurs étapes résumées ici pour favoriser une meilleure hygiène mentale :
Pratiquer la subjectivité limpide
D’autres l’appellent la pleine conscience : prendre conscience de ses pensées et de son état mental pendant que le cerveau est en fonctionnement. Cela consiste à observer ses émotions, sa réaction à un événement extérieur ou à une interaction avec une autre personne.
Se débarrassez de l’impuissance apprise
Il s’agit d’un des programmes les plus fourbes qui sommeillent en chacun de nous.
Elle consiste à nous soumettre à l’autorité d’autres personnes depuis le début de notre vie, une sorte d’enchainement mental.
S’en libérer permet de prendre confiance en soi, de découvrir sa propre puissance et de retrouver passion et enthousiasme pour aller vers son plein potentiel. Exercer son intelligence, c’est exercer sa liberté !
Libérer son cerveau en ignorant l’avis des autres
En pratiquant cet exercice régulièrement, on parvient peu à peu à placer sa pensée dans des espaces mentaux de plus en plus grands, le champ des possibles s’ouvre.
Ignorer l’avis des autres est une excellente façon d’avancer sur ce chemin de la connaissance et de la libération de soi. Tant que vous réfléchirez en fonction des autres, vous ne serez pas libres.
Alors, on s’y met? 🙂 Découvrez les ouvrages d’Idriss Aberkane :