apprentissage par echec

De l’échec au succès?

Bizarre quand même que l’échec soit si mal vu en France alors qu’il est plutôt bien perçu dans d’autres pays comme les Pays Anglo Saxon. Aux USA par exemple, il est connu qu’une banque prêtera plus facilement à un entrepreneur qui a déjà coulé un boite qu’à un jeune startuper. Pourquoi? Parce que le premier a acquis de l’expérience et qu’il ne réitèrera pas ses erreurs passées ! Chez nous en France, si vous plantez une boite, vous êtes louche, deux vous êtes carrément mis sur le banc de touche, et trois, alors là, changez d’idée, vous n’êtes pas fait pour l’entrepreneuriat.

Dans le domaine entrepreneurial en tous cas, malgré les efforts de quelques associations (comme 60 000 rebonds ou Les Rebondisseurs Français), l’échec reste un phénomène redouté.

Pas facile de rebondir après un échec et de retrouver le chemin du succès, n’est-ce pas?

Quand je pose cette question, en général, je constate deux sortes de réactions :

  • Les gens qui se disent : « Mais de quoi elle parle? Veut-elle parler de la frustration momentanée que je ressens quand je n’arrive pas à l’objectif que je m’étais fixé? Parce que si c’est ça, pour moi, l’échec fait partie du succès, c’est en le rencontrant que je peux m’améliorer, voir ce qui ne va pas, et donc changer, adapter, pour enfin y arriver. » (en général, les gens qui pensent ainsi ont déjà atteint un certain niveau de succès, ils ont surmonté les épreuves, et voient l’échec comme un fait dont on tire des enseignements pour avancer).
  • Et ceux qui se disent : « Ah la la ! Mais c’est toute ma vie ça l’échec ! » (en général, ceux-là galérent et n’ont pas le moral, ils voient l’échec comme un sentiment profond et se remettent personnellement en question).

Quoiqu’il en soit, aucun n’a très envie de parler d’échec, on lui préfère le succès. C’est tabou l’échec en France et en parler pourrait porter la poisse en plus ! Et pourtant, l’échec est une voie vers le succès…

D’où ce regard sur l’échec nous vient-il?

Il me semble que la question soit culturelle. D’ailleurs Charles Pépin, dans son excellent ouvrage Les vertus de l’échec, parle du « problème français » en comparant Rafael Nadal et Richard Gasquet.

Dans la Sillicon Valley, aux USA, on vante le « fail fast, learn fast » (échoue vite, apprend vite) pour donner la voie aux startup / en France, on recherche plutôt le « fast track » (se mettre de suite sur les bons rails du succès).

Pourtant, on le sait, pour apprendre à marcher, le jeune enfant échoue des milliers de fois pendant plusieurs mois, jour après jour ! Pour apprendre à pédaler, il mettra aussi du temps et devra développer patience et persévérance pour réussir.

Mais, dès qu’il va entrer à l’école, ou même avant si ses parents sont très attachés à sa « réussite », on lui fera comprendre qu’il doit maintenant apprendre et ne plus se tromper. On lui retirera des points quand il se échoue au lieu de lui en ajouter quand il réussit. On trouvera normal qu’il réussisse, et anormal qu’il échoue. On lui demandera dès que possible ce qu’il veut faire plus tard, et on ne cessera de lui mettre cette pression, tout en lui conseillant les meilleures études, les métiers qui « recrutent ». On le classera selon les critères de l’école, basé sur une seule forme d’intelligence alors qu’il en existe au moins huit. S’il redouble, il sera pénalisé, s’il est mal classé lors d’un concours, il aura moins de choix que les autres. Que dire de Parcours Sup qui met les jeunes dans des cases, celles qui restent pour les moins bien notés au bac, même si la filière ne les intéressent absolument pas… Et je suis sûre que pas mal de gens se disent en me lisant : « normal, il n’avait qu’à bosser ».

Plus tard, dans ses études mais aussi quand il commencera à travailler, et même s’il devient entrepreneur, il n’osera pas dire quand il n’a pas compris, quand il se trompe, quand il ne sait pas… par peur d’être mis de côté. Car c’est de cela dont il s’agit. Accroche-toi et ne dis pas trop quand ça ne va pas. Certes, parfois une personne bien intentionnée lui fera remarquer qu’il n’y a pas de questions idiote ou que l’erreur est humaine, mais ce sentiment profond, cette peur de l’échec, de ne pas plaire, de s’enfoncer, de perdre, d’être un looser…, l’empêchera souvent de saisir cette perche.

« Avoir échoué en France, c’est être coupable. Aux Etats-Unis, c’est être audacieux. Avoir échoué jeune en France, c’est avoir échoué à se mettre sur les rails. Aux Etats-Unis, c’est avoir commencé jeune à chercher sa propre voie » (Charles Pépin).

Pour le philosophe Charles Pépin, cela est ainsi parce que, « Enfants de Platon et de Descartes, nous sommes trop rationalistes et pas assez empiristes ».

Pas étonnant que les entreprises françaises restent frileuses face à l’échec

Les faits sont là : Une récente étude réalisée par Vistaprint auprès de 2000 entrepreneurs dont 500 français montre que «les entrepreneurs français considèrent l’échec comme un résultat préjudiciable plutôt que comme une occasion d’apprendre».

En Allemagne, par exemple, pays qui faisait partie du champ de l’étude,  l’échec est mieux accepté qu’en France : 18% des entrepreneurs allemands interrogés considèrent l’échec comme «inacceptable», contre 31% des entrepreneurs français interrogés (voir ici l’article du Figaro).

Cette frilosité face à l’échec et le tabou qui reste ancré culturellement a-t-elle un lien avec le fait que nombre de cadres souhaitent quitter leur job dont une partie pour créer leur propre projet ? (cf. étude IPSOS relayée par L’Express Entreprise) – au passage, si vous êtes dans ce cas, contactez-moi, j’ai des pistes à vous proposer 😎.

A suivre… en tous les cas, il reste du boulot avant que l’échec puisse être perçu comme constructif chez nous. Pourtant, on trouve chez certaines franges de la population entrepreneuriale, une approche plus positive de l’échec. En tous les cas, pour ma part, je l’ai perçue chez les entrepreneurs du Web qui n’ont qu’un mot à la bouche : « Le Mindset ».

Les webentrepreneurs se différencieraient-ils?

Si vous interrogez un webentrepreneur qui gagne sa vie sur internet, celui-ci, généralement, vous parlera des vertus de l’échec et comment, effectivement, il met en pratique l’idée du « fail fast, learn fast ». Son obsession, est que son projet global marche, il ne lâche rien, il sait qu’il doit faire preuve de patience et de persévérance. Le webentrepreneur est un testeur, il teste, il enquête, il questionne ses clients, le web, ses prospects, pour comprendre et leur apporter ce dont ils ont besoin. Et quand il se plante, il recommence avec une connaissance accrue.

Sur internet, on dit que 97% des gens échouent. Les 3% qui réussissent ne parlent pas d’échec, ils parlent d’expériences, parfois de frustration, ils évoquent des déceptions, mais l’échec, au sens de l’abandon et de la démoralisation, ils ne connaissent pas, le refusent.

Quand ils évoquent le Mindset, ils s’appuient sur des références ou influences Anglo Saxonnes : Napoleon Hill, Jack Canfield, Hal Helrod, Antony RobbinsRobert Kiyosaki, Franck Nicolas, et moins connu, je vous conseille le livre 12 jours d’Eric Behanzin.

Tous ces livres parlent de Mindset de l’entrepreneur, d’optimisme, de positif, d’opportunité, de croissance, de liberté individuelle…

« Il parait que le lion rate sa proie deux fois sur trois. Pourtant, on l’appelle le Roi des animaux. Vous savez pourquoi? Pour sa persévérance…

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